Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

"Je suis Sophie Gleizes Cervera, médecin spécialiste en médecine physique et réadaptation, mais aussi en médecine du sport. Je m’occupe du Pôle espoir de Toulouse depuis 2009."

Comment avez-vous eu l'idée de mettre en place des ateliers de sensibilisation à la nutrition pour les sportifs ?

"La nutrition est un élément important de la performance sportive. C’est un sujet que les jeunes connaissent peu ou maîtrisent peu. Ils ont souvent des fausses idées. Ça me semblait donc intéressant de leur donner des informations sur le sujet, de l’organiser sous la forme d’atelier pour que ce soit un peu plus ludique, en petits groupes de façon à les sensibiliser au mieux sur cette thématique qui est importante dans leur parcours de sportif.ve.s. Le Pôle Espoir doit également les accompagner sur tout ce qui tourne autour du sport, pas que la technique pure du handball par ex.

En effet, il y a tout ce qu’on appelle la préparation invisible à la performance. La nutrition en fait partie, c’est un élément qu’il faut développer.

Pour moi, c’est important de mettre ces activités en place avec les jeunes garçons et filles. C’est ainsi que j’ai contacté l’école de Limayrac qui prépare des etudiant.e.s à une formation diététique. Ils ont un module spécifique dédié aux sportif.ve.s encadré par un diéteticien du sport reconnu dans ce domaine et donc ils réalisent chaque année un travail autour de cette thématique sous la forme d’une mise en pratique. Ces ateliers sont bénéfiques pour eux aussi, cela leur permet d’illustrer leur formation et d’acquérir une nouvelle expérience.

C’était utile pour nous aussi d’avoir accès à des personnes qui connaissent le sujet, qui travaillent dessus.

Quels sont les principaux objectifs de ces ateliers ?

"Pour ces ateliers, on a ciblé des thématiques particulières, en fonction de l’âge des joueur.euse.s.  Les thématiques abordées sont surtout :

« Hydratation et boissons d’effort » 

« Nutrition et compétition » : comment s’alimenter avant, pendant et après une compétition »

« Nutrition, performance et gestion du poids – la collation », c’est une thématique qui est plus tournée vers les filles

« Nutrition, performance et compléments alimentaires »

« Prise de masse musculaire et protéines – collatation post effort » qui s’adresse plus aux garçons.

Nous avons essayé d’aborder des thématiques précises et pertinentes par rapport à leur pratique sportive. L’idée est donc de mettre en place des actions autour de « préparation invisible à la performance » dont les éléments constitutifs sont la nutrition, le sommeil, la connaissance de son corps en rapport avec la gestion de ses blessures, mais aussi, la préparation mentale et psychologique."

Quels conseils donneriez-vous aux joueurs.euses qui cherchent à améliorer leur nutrition pour optimiser leur performance sportive ?

"Il faut bien avoir les 3 repas par jour que sont le petit-déjeuner, le repas du midi et du soir et savoir mettre en place une collation suffisante, en amont du dernier entraînement de la journée.

Il faut également varier énormément les apports et avoir à chaque repas une quantité de chaque grande famille d’aliments : les fruits et légumes les sucres lents, mais aussi, un peu de lipides. Il faut vraiment que ce soit varié.

Pour les jeunes, c’est parfois difficile de varier l’alimentation. Il faut avoir en tête le concept d’avoir une « assiette colorée ».

Autre élément très important : l’hydratation, elle ne doit pas être seulement pendant les entraînements, pendant les matchs. C’est tout au long de la journée et ça, souvent les jeunes ont tendance à oublier qu’entre les repas il faut boire."

Avez-vous des projets futurs pour ses ateliers de sensibilisation à la nutrition dans le sport ?

J’aimerais qu’on puisse reconduire ses actions au cours du temps.Avec les plus jeunes, on a abordé certaines thématiques cette année, et puis au fil des ans, on peut aborder d’autres thématiques qui peuvent compléter les premières.Cela va permettre de les accompagner tout au long de leur cursus au Pôle Espoir.Il faut continuer sur ce domaine de la nutrition, mais aussi, essayer d’aborder d’autres sujets comme le sommeil, comment arriver à se décrocher de son téléphone le soir avant de dormir.J’ai pensée également à des thématiques liées à la santé pour les jeunes filles qu’il faut aborder autour des cycles menstruels ou des « fuites urinaires à l’effort » par exemple.Pour ce projet, j’ai discuté avec les entraîneurs pour mettre en place cette sensibilisation avec l’aide d’une sage-femme qui intervient déjà chez des sportives au foot et au rugby. Je pense que ce serait réellement intéressant de la faire intervenir, car les joueuses ne parlent pas beaucoup de ces sujets. Elles sont avec des entraîneurs masculins, mais il y a quand même des kinésithérapeutes et la préparation physique qui sont des femmes donc elles peuvent échanger, mais ce n’est pas un sujet évident.

Interview de CLARET Aurélia et GALES Émilie - étudiantes à l'institut Limayrac

Pouvez-vous vous présenter ?

"Je m’appelle CLARET Aurélia, et moi GALES Émilie, nous sommes en Licence professionnelle nutrition à l’institut Limayrac. "

Qu'est-ce qui vous a incité à réaliser ces ateliers ?

"Nous réalisons ces ateliers dans le cadre de notre licence. Notre responsable nous a dirigées vers le Pôle Espoir de handball, car il y avait une demande autour de l’alimentation."

Comment sont organisés ces ateliers ?

"Nous avons divisé la classe en plusieurs ateliers. Il y avait une thématique générale et nous avons répondu à celle-ci en créant des ateliers. La première partie de l’atelier est la composition corporelle et la deuxième partie de l’atelier porte sur la collation."

Comment pensez-vous que la nutrition peut aider les joueur.euse.s à atteindre leurs objectifs?

 "La nutrition est un élément très important. Cela permet d’avoir de l’énergie sur le long terme. Il ne faut pas oublier l’hydratation qui fait également partie des éléments essentiels. La nutrition est également importante dans le cadre de la performance des sportif.ve.s afin de limiter les blessures, car si l’alimentation n’est pas équilibrée, le risque de blessures est plus fréquent. Et d’un autre côté, une bonne alimentation et une bonne hygiène de vie peuvent favoriser la guérison."

Qu'espérez-vous accomplir en faisant cette intervention ?

"Nous sommes sur le thème de la nutrition et la gestion du poids donc nous espérons sensibiliser à l’équilibre alimentaire, car c’est important pour les sportif.ve.s de haut niveau d’avoir une bonne hygiène de vie, de connaitre les risques d’une mauvaise alimentation car cela impacte leur performance. Notre objectif est de faire aussi de la prévention car certaines personnes parlent par exemple de compléments alimentaires et de prise de masse, mais ce n’est pas forcément la bonne façon de faire donc on fait un aspect préventif sur ce sujet."

Pouvez-vous nous donner quelques exemples de conseils que vous enseignez lors de ces ateliers ?

"On explique qu’il ne faut pas tomber dans la spirale de la restriction quand on parle de sport de haut niveau, car c’est souvent associé à ça, au fait de surveiller le poids.

Il faut faire attention surtout avec les jeunes sportives, elles sont toujours en pleine croissance. Une bonne hygiène de vie est nécessaire, mais il faut garder en tête la notion de plaisir, car c’est avant tout un plaisir l’alimentation."